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J’ai interrogé ma grand-mère sur sa vie sexuelle

« On l’a fait dans l’herbe, après notre pique-nique dans les Ardennes. Puis j'ai réalisé que toutes les voitures qui passaient avaient dû nous voir. J'avais soixante ans. »
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Roelien est une de mes meilleures amies, elle a 76 ans et c’est ma grand-mère. Cette différence de 57 ans n’impacte pas notre amitié car je lui rends régulièrement visite, et on peut alors discuter pendant des heures de tout et de rien. La seule chose qui reste taboue entre nous, c’est le sexe. C’est assez incohérent quand on y pense, parce que les meilleures amies discutent généralement de tout, sans filtre. L’idée qu’on se fait du sexe est principalement déterminée par les jeunes, mais je suis quand même très curieuse au sujet de la vie sexuelle de ma grand-mère. Est-elle vraiment différente de la mienne ? Est-ce que ça change quand on vieillit ? Quelqu’un qui a autant roulé sa bosse doit sûrement avoir de bons conseils pour une débutante comme moi.

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J’ai donc décidé qu’il était plus que temps d’avoir une conversation sexuelle avec ma grand-mère et de lui poser les questions que je n’ai jamais osé aborder.

VICE : Bonjour Mamie. C’était quand la dernière fois que tu as eu des rapports sexuels et comment c’était ?
Mamie Roelien : C’était la semaine passée. Je m’étais vaporisé quelques gouttes de parfum en me mettant en pyjama car je sais que Papy aime bien cette odeur. Je l’ai un peu caressé et nous l’avons fait juste avant d’aller dormir.

Vous le faites souvent avant d’aller vous coucher?
De temps en temps mais rarement. Je dois dire que je préfère le faire le matin, parce que je suis moins fatiguée. Quand on le fait le matin, ça me donne de l’énergie pour affronter la journée qui arrive. Le sexe ça donne un bon coup de fouet.

En général, beaucoup de gens supposent que les personnes âgées ne font plus l’amour.
Oui, les gens pensent que quand on vieillit, on n’en ressent plus l’envie, comme si ce n’était plus de notre âge. Mais je ne suis pas d’accord avec cette idée préconçue. Il existe encore des personnes âgées qui ont une vie sexuelle épanouie. Je le fais en moyenne une fois par semaine.

Ok, ça c’est un coup dur. Ma grand-mère a une vie sexuelle plus active que moi. Qu’est ce qui a changé entre ta vie sexuelle de maintenant et celle d’avant ?
Ça me prend toujours beaucoup de temps pour être excitée. C’est le genre de choses dont tu n’as sans doute pas à te préoccuper. Récemment, je me suis rendue compte que j’avais des difficultés à jouir rapidement. Mais il faut être patiente. Quand on vieillit en tant que femme, on mouille moins facilement aussi. C’est pour ça que j’utilise du lubrifiant. Mais même si tout prend un peu plus de temps, j’aime toujours le faire.

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Est-ce que les rapports sexuels que tu as maintenant sont différents ?
Oui c’est devenu différent. Malheureusement, je ne suis plus aussi souple, donc je ne peux plus me tordre dans toutes les positions. Quand on est jeune, on saute sur quelqu’un et voilà. Ici, ce n’est plus possible. Donc on ne fait plus trop de folies, ça reste très classique. C’était plus excitant avant c’est sûr, mais l’excitation et la sauvagerie ont été remplacées par un sentiment de plénitude. Le sentiment qu’on est heureux ensemble. D’ailleurs, je peux encore avoir un orgasme. Tu ne dois donc pas t’inquiéter : même à 76 ans, on peut encore avoir des relations sexuelles très satisfaisantes.

Je pense que c’est aussi lié à ton partenaire, non ? Il doit encore être capable de, disons, faire monter la sève.
Oui, c’est vrai, mais pour ça il faut continuer à être désirable pour l’autre, ça aide beaucoup. Par exemple, il faut continuer à bien s’habiller, ne pas se laisser aller. Ça peut sembler vieux jeu, mais la même chose s’applique aussi aux hommes. Il doit aussi continuer à bien prendre soin de lui. Mais le plus important, c’est de garder un peu de piquant, en faisant de temps à autre quelque chose de fou.

Quelle est la chose la plus osée que tu aies jamais faite ?
Ton grand-père et moi étions partis à Friesland en voiture, et une fois en chemin je lui ai caressé la jambe, ce que je fais souvent quand il conduit. D’un coup, on a eu très envie de le faire. On s’est arrêtés sur un parking et on est allés dans un pâturage sur le côté. Par après on a vu qu’il y avait un fermier pas très loin, qui a donc dû se voir offrir un beau petit spectacle.

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Une autre fois, c’était dans les Ardennes, on s’était arrêté pour pique-niquer et on s’est étendus dans l’herbe. C’est seulement après l’avoir fait que j’ai réalisé à quel point on était proches de la route, et que toutes les voitures qui passaient pouvaient aisément nous voir. J’avais soixante ans à cette époque. Les dunes, ça c’est aussi un chouette endroit pour le faire. On peut entendre le bruit de la mer, c’est joli. Mais il ne faut pas oublier d’apporter un essuie car le sable entre les fesses, c’est vraiment pas agréable.

Je commence de plus en plus à me demander laquelle d’entre nous a la vie sexuelle la plus excitante. Est-ce que tu parles de sexe avec tes amies ?
Non, pas du tout. Tu es la première avec qui je discute si ouvertement. Je n’ai jamais discuté de ma vie sexuelle avec mes amies, même quand j’étais jeune, toi bien ?

Oui, j’en parle très ouvertement. Je pense que c’est une des grandes différences entre toi et moi. De nos jours, il n’est pas étrange de parler de sexe, alors qu’avant je pense qu’il y avait une sorte de tabou. J’ai raison ?
Ça variait en fonction du genre de personnes avec qui tu traînais. À partir des années soixante les gens ont commencé à penser différemment la sexualité. C’était l’époque de la révolution sexuelle. Certaines personnes trouvaient normal de le faire avec plus d’un partenaire à la fois, moi j’ai toujours été sage et monogame. C’est à cette époque que la pilule contraceptive est arrivée sur le marché, de sorte que le sexe n’était plus seulement destiné à la procréation. Il y avait soudainement des gens qui parlaient très ouvertement de sexe, mais toujours uniquement dans certains cercles.

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Ma première fois, j’avais dix-sept ans. Quel âge avais-tu?
J’avais dix-sept ans aussi. C’était normal d’avoir des relations sexuelles assez jeune parce qu’on se mariait vers seize ans. La première fois, j’ai trouvé ça horrible. J’ai pensé: plus jamais. Bien sûr, j’ai changé d’avis.

C’est assez courant de ne pas aimer la première fois. Tu as eu beaucoup de partenaires sexuels différents ?
J’ai couché avec trois hommes différents mais j’avais toujours une relation sérieuse avec eux. Je n’ai pas eu besoin d’en avoir plus, parce j’ai toujours été satisfaite sur le plan sexuel avec chacun d’entre eux.

Trois partenaires, mais surtout soixante années d’expérience – est-ce que tu as des conseils à donner en tant qu’experte du sexe ?
Ce qui est super important, c’est de consacrer du temps aux préliminaires. Et de ne pas se rhabiller directement après le sexe. Il faut s’embrasser, se caresser, c’est ça qui va vraiment rendre le sexe agréable. Les hommes en particulier ont parfois tendance à tirer leur coup tout de suite, mais ça ne devrait pas se passer comme ça. Beaucoup de gens oublient aussi le moment après le sexe. Faire l’amour c’est chouette, mais si vous remettez directement vos vêtements et partez pour le travail, vous passez à côté de plein de choses. Il faut rester gentil et tendre avec l’autre dans le lit, et prendre du temps pour se cajoler.

Je vais y penser. Bon, je dois admettre que tu m’as surprise. Tu as été très ouverte et tu n’as esquivé aucune question, je ne m’y attendais pas.
Le sexe fait partie de la vie, peu importe qu’on soit jeune ou vieux. Même la plus vieille dame de la maison de repos pourrait être au lit avec un vibro-masseur en ce moment, on ne peut jamais savoir.

Cet article a été publié initialement sur VICE NL.

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