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Les blockchains pourraient changer l’industrie agroalimentaire

De la traçabilité des produits aux programmes de fidélisation, cette technologie est peut-être celle que l’industrie de la bouffe attendait depuis longtemps.
Images via Pixabay, composition par l'auteur

Depuis quelques mois, blockchain est devenu un des mots favoris de l’internet. Plus qu’un simple outil pour faciliter les transactions de bitcoins, les blockchains peuvent devenir un répertoire pour toute sorte d’information utile. Pour un écosystème aussi complexe et changeant que celui de l’industrie agroalimentaire, ils pourraient devenir l’outil important qui permettra de rapprocher vendeur et client.

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Essentiellement, les blockchains, c’est un registre non centralisé d’information. Il est surtout utilisé pour les cryptomonnaies, mais pourrait être utile dans le domaine agroalimentaire. Par exemple, si un fermier achète une vache, cette information, plutôt que de n’être à la disposition que du fermier, du vendeur et de leurs banques respectives, serait accessible à tout le monde. Des milliers de serveurs peuvent confirmer que la vache appartenait en effet au vendeur et que le fermier en est maintenant le fier propriétaire. Comme tout le monde a accès aux détails de cette transaction, il devient presque impossible de pirater le système et de modifier l’information. Ni le fermier, ni le vendeur et surtout ni les banques ne peuvent nier la transaction, et ses détails sont conservés sur des serveurs de manière permanente, afin d’en assurer la traçabilité, pour un acheteur éventuel, si le fermier décidait de revendre la vache. C’est une garantie d’authenticité, un pilier de la confiance.

Bien que l’utilisation principale des blockchains soit pour l’instant d’effectuer des transactions, elles ont plusieurs autres utilités. Et ça, l’agroalimentaire est en train de le comprendre.

Le client d’aujourd’hui est beaucoup plus conscient des conséquences de ses achats qu’avant, en particulier lorsqu’il s’agit de nourriture. Si quelqu’un est prêt à dépenser 200 $ pour un repas dans un restaurant de cuisine du marché ou 6 $ pour une grappe de tomates biologiques locales, il veut être sûr (et devrait l’être) que l’achat en vaut le prix. La traçabilité des produits alimentaires est une notion populaire, mais compliquée. Lorsqu’une banane est acheminée par camion de la Colombie à la Colombie-Britannique, qu’elle passe d’un revendeur à un autre, à un fournisseur, puis à un supermarché pour enfin se rendre dans votre petit-déjeuner, il peut être difficile de savoir où, quand et par qui elle a été cueillie. De plus, les cas de fraudes alimentaires abondent.

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En Irlande du Nord, la compagnie Arc-Net se spécialise dans les blockchains de traçabilité des aliments. « Nous prenons un échantillon d’ADN d’un animal afin de pouvoir déterminer sa race, son pays d’origine, s’il a été exposé à des toxines ou si on lui a administré des médicaments non réglementés, parmi d’autres indicateurs clés », a expliqué à Connect le directeur du développement de la compagnie, Brendan Smyth. « Ces échantillons peuvent être vérifiés au moyen des données d’une blockchain afin de s’assurer de l’authenticité des données sur l’animal et de son cycle de vie. »

Comme les blockchains ne peuvent pas être modifiés par qui que ce soit (et qu’elles ne sont pas centralisées), elles pourraient rendre la traçabilité des produits plus simple que jamais. Des compagnies comme Wal-Mart expérimentent en ce moment avec cette technologie. En effet, lorsqu’on vend près de 20 % de toute la nourriture dans un pays, il est important de savoir exactement d’où proviennent les aliments que l’on vend : c’est utile non seulement pour le consommateur, mais aussi pour le vendeur qui peut à tout moment retrouver un lot de produits qui fait l’objet d’un rappel.

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Comme toute tendance, il y en a qui essaient de la monétiser au plus vite. Aux États-Unis, peu avant les Fêtes, une compagnie de thé glacé a changé son nom de Long Island Iced Tea Corp. à Long Blockchain Corp. Du jour au lendemain, ses actions ont monté de 289 %. La compagnie compte maintenant développer des blockchains tout en continuant à vendre des boissons. Chanticleer Holdings, un groupe du secteur de la restauration qui compte parmi ses marques plusieurs chaînes spécialisées dans les burgers a annoncé un programme de fidélisation basé sur les blockchains. Résultat : une hausse du prix de ses actions de 95 %.

Il est fort probable que d’autres compagnies suivent leur exemple, afin d’essayer de mousser leurs ventes. Bien entendu, ce qui crée en partie cette frénésie, c’est le fait que le seul mot blockchain et son lien avec Bitcoin font frémir les wannabe investisseurs. Il faut bien comprendre ce que sont les blockchains : un produit qui est, certes, novateur, peut-être autant qu’internet l’a été à une époque. Mais il reste qu’avant tout, c’est un moyen de donner de la crédibilité à des industries desquelles les gens peuvent parfois douter. Et c’est cette partie-là qui sera salvatrice pour les compagnies agroalimentaires : que ce soit pour la traçabilité ou des économies éventuelles, les blockchains nous offrent enfin un moyen de rendre l’industrie de la bouffe imputable.

Billy Eff est sur internet ici et .