Avant d'être la caricature d'un candidat conservateur à l'élection présidentielle américaine, Donald Trump était la caricature d'un homme d'affaires américain. Il a construit des hôtels, des casinos, des complexes immobiliers. Il s'est lancé dans le secteur du transport aérien, de l'eau en bouteille, dans l'industrie du jeu vidéo, de la pseudo-éducation, du steak, de la vodka, du vin – en faisant croire aux gens que tout ce qui portait son nom était plus classe, plus luxueux.
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La campagne présidentielle de Trump est assez effrayante aux yeux de pas mal de monde, et son message politique ne serait sans doute pas aussi populaire sans son argument implacable : Je réussis tout ce que j'entreprends, je suis l'un des hommes d'affaires les plus rentables et malins de la planète. Moi seul peux rendre aux Américains leur grandeur.Comme beaucoup de gens, je déteste Donald Trump. En plus d'exécrer son idéologie, je ne saisis pas l'engouement autour de ses produits dérivés. Sérieusement, qui achète les pinces à cravate Trump ? Qui loge dans ses hôtels tout en marbre ? Qui lit ses livres ? Qui a déjà regardé The Apprentice en se disant : « Mais oui ! Cet individu acariâtre sait ce qui est bon pour l'Amérique ! » Est-il possible que tous ces trucs soient vraiment géniaux ?Pour en avoir le cœur net, je me suis mis en tête de passer une semaine – du lundi au vendredi – à manger des aliments Trump, porter des vêtements Trump et boire de la délicieuse eau minérale Trump. Pour me détendre, je lirai des bouquins écrits par Trump et regarderai les épisodes de The Apprentice. Et, bien entendu, je ne m'endormirai pas sans avoir écouté un audiobook de Trump.Est-ce que cinq jours remplis de produits Trump me permettront de succomber à ses charmes ? Est-ce que je me rangerai de son côté ? Est-ce que cette expérience me fera retrouver ma grandeur ? Est-ce qu'elle fera de moi le gagnant que j'ai toujours voulu être ? Il n'y a qu'une seule façon de le savoir – il est l'heure de passer à l'action.
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La préparation
Lundi
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J'ai droit à quelques regards inquiets de mes collègues, qui ne comprennent pas bien pourquoi je porte un maillot de foot US avec le nom de Trump floqué dans le dos, et pourquoi je regarde une émission de téléréalité au lieu de travailler.Mon corps réclame désespérément un vrai repas. J'épluche Internet jusqu'à trouver une recette d'Ivanka Trump intitulée : « Soupe paysanne de légumes ». La soupe est peut-être « paysanne », mais les ingrédients coûtent autour de 40 dollars. Je me décide à tout acheter, et goûte : elle a un goût de persil et d'asticots. Une fine couche de graisse se forme sur le dessus en refroidissant, comme un glaçage.
Mardi
Mercredi
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Des touristes traînent dans le hall et profitent du sentiment de bien-être procuré par cette brève mais précieuse rencontre avec Trump. Nous nous regardons en souriant, comme si nous étions liés par ce moment d'intimité unique. J'achète un morceau de pizza dégueulasse à 15 dollars et mange en silence.
Jeudi
Vendredi
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Mais ma semaine n'est pas terminée. Pas encore. J'avais testé des tonnes de merdes portant le nom de Trump. J'avais survécu quatre jours en mangeant des noisettes, de la mauvaise viande et en buvant du vin encore plus dégueulasse. Ils peuvent bien écrire « luxe » sur les étiquettes et envelopper leurs produits dans du papier d'or, ça reste de la merde. Je réalise que pour comprendre Trump, il me faut accéder au vrai luxe.Après avoir enfilé mon plus beau costume, je réserve une chambre dans l'hôtel de Trump.
C'est là, dans cette chambre d'hôtel au septième étage, avec des pantoufles Trump aux pieds, une serviette Trump autour de la taille et un verre de vin Trump dans la main, que j'ai le déclic. Trump n'a pas de haine en lui. Il ne compte pas transformer l'Amérique. Tout ce qu'il veut, c'est faire savoir au monde entier qu'il conduit les voitures les plus luxueuses, qu'il s'habille avec les meilleurs tissus, qu'il couche avec les femmes les plus bonnes.Être Donald Trump, c'est montrer sans cesse à quel point ta vie est géniale. George Washington est son modèle parce que son visage est gravé sur le flanc d'une montagne, voilà tout. Il aime les applaudissements et les acclamations, et entendre la foule crier son nom.Donald Trump a 69 ans. Ses femmes trophées sont devenues ses ex-femmes trophées, ses sociétés ont fait faillite. Il s'est sorti du trou dans lequel il était au début des années 1990. Maintenant, plus que jamais, les gens l'applaudissent et l'acclament, se battent pour lui.J'ai une certaine compassion pour Donald Trump – un type qui a besoin de l'adoration d'autrui pour être en paix. Sans nos applaudissements, il cesserait d'exister. D'ailleurs, nous souffrons tous à ce niveau-là. Le besoin de reconnaissance est universel. Celui de Donald Trump est simplement démesuré.Suivez River sur Twitter.