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Quand la CIA chassait l’OVNI en Wallonie

Valentin Clavairolles, jeune photographe bruxellois, a rassemblé des traces d’une présence OVNI en Belgique dans les années 1990, trente ans après une enquête de la CIA et de la Défense belge.

« J’ai commencé à m’intéresser à cette histoire il y a 3-4 ans. À l’époque, je ne me préoccupais pas trop des phénomènes surnaturels. Puis un jour, j’ai trouvé dans le grenier de ma grand-mère une multitude de bouquins sur les OVNIs qui appartenaient à mon père. Entre deux livres sur le triangle des Bermudes et la Zone 51, je suis tombé sur un ouvrage à propos de la vague d’OVNIs belges. C’est là que tout a commencé. » Un café brûlant devant lui, les cheveux en bataille et l’air plutôt sain d’esprit, Valentin raconte comment il en est arrivé à enquêter pour un projet photo, pendant un an, sur des Objets Volants Non-Identifiés qui auraient fait un tour au dessus de la Wallonie, de 1989 à 1993.

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Sa recherche, il l’a construite comme une investigation dans les méandres du surnaturel belge. Il suffit d’examiner ses photographies pour se retrouver plongé dans une ambiance à la X-Files, version plat-pays. Il a commencé par des images de paysages, pour créer un cadre à l’histoire, et prouver le sérieux de ses recherches : « Si je devais travailler sur ce sujet, il ne fallait pas que ça tourne à la dérision, il fallait vraiment que ce soit carré. Beaucoup de mes prises de vues sont faites à la chambre technique d’ailleurs, parce que c’est un appareil qui demande de la rigueur. La dernière chose que je voulais, c’était décrédibiliser les gens qui ont fait partie de cette histoire. »

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La première prise de vue de Valentin, au barrage de la Gileppe

À ces prises de vue s’ajoutent des portraits, des graphiques, ou encore des captures d’écran d’archives télévisuelles. Cette histoire a donc été relayée au JT, on en a parlé à la télé. Mr. De Brouwer, colonel de l’armée de l’air, a bel et bien donné une conférence de presse à propos d’une masse gigantesque et silencieuse qui est apparue sur les écrans-radar de deux avions F16 en mission de reconnaissance, pour ensuite disparaître à plus de 300 km/h. Sans un bruit. Valentin poursuit : « Les deux pilotes ont juste dit qu’ils avaient vu cette masse qui faisait la taille d’un Boeing sur leur écho-radar. Quand ils s’en sont rapprochés, elle a disparu à une vitesse invraisemblable. »

Plus le café de Valentin refroidit, plus il devient presque sensé et logique de croire à cette histoire. Aux archives qu’il a récupérées s’ajoutent des témoignages de personnes de la région, agriculteurs, policiers ou gendarmes qui, sans se concerter, ont tous eu la même vision : une masse noire, silencieuse, triangulaire, avec trois lumières blanches sur les côtés et un énorme spot rouge au centre. Et ces témoignages ne sortent pas de nulle part, mais des archives de la CIA qui, au sortir de la guerre froide, s’était un peu penchée sur l’affaire. Pourquoi ? Aucune idée. Quoi qu’il en soit, les documents sont aujourd’hui tombés dans le domaine public.

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Les archives de la CIA, récupérées par Valentin

En parlant de CIA, c’est d’ailleurs l’Amérique du Nord qui a été la première cible des autorités belges quand on a cherché un coupable : « Le gouvernement et les médias se sont beaucoup intéressés à cette affaire, parce qu’ils soupçonnaient les américains d’avoir envoyé un appareil de reconnaissance sur leur territoire, d’autant plus qu’à l’époque, les USA développaient un avion furtif. Mais quand ils ont pris contact avec l’ambassade, ils leur ont donné une très belle réponse en expliquant que de un, ils n’avaient rien à faire en Belgique, et de deux, vu la vitesse de l’objet, ils n’avaient aucun moyen technologique qui arrivait à la hauteur de… ce truc. »

L’enregistrement de l’écho-radar est aujourd’hui la seule preuve matérielle restante, malgré une photographie prise par un certain Patrick Maréchal et qui avait beaucoup tourné sur Internet à l’époque. Étudiée pendant 20 ans par des chercheurs de tous bords (mais principalement des ufologues motivés), l’auteur a finalement avoué avoir truqué l’image, en créant une réplique à base de frigolite pour « faire marrer ses copains ».

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L’OVNI-frigolite

Au fil du temps, l’histoire s’est étouffée. Après 1993, les témoignages se sont fait plus rares. Seules quelques émissions télé et une petite communauté d’ufologues, la plupart affiliés à la COBEPS, soit le Comité Belge d’Étude des Phénomènes Spatiaux, continuent de s’intéresser au sujet. Valentin, au fil de ses recherches, les a contactés : « Il y a eu la COBEPS, mais j’ai aussi pris contact avec certaines personnes sur des forums. Il y en a un que j’ai rencontré et photographié chez lui. Un autre ne voulait pas que son visage soit découvert, parce que personne dans son boulot ne sait qu’il est investi dans ce genre de choses. C’est celui qu’on voit de dos sur un fond bleu. »

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Malgré l’abandon de l’affaire par les autorités, Valentin a aussi remarqué que l’histoire de cette grosse masse triangulaire qui avait secoué la Belgique reste ancrée dans l’esprit de pas mal de gens: « Un jour, je faisais des photos à la chambre dans un pré près de Verviers, et un homme est venu me demander ce que je faisais, si j’observais les oiseaux. Je lui ai tout expliqué, en essayant de ne pas passer pour un taré. Il était très touché. Il m’a dit qu’il n’était pas du genre à croire ces théories, mais que son voisin, en qui il a toujours eu confiance, fait partie de ceux qui ont vu l’OVNI. Il m’a aussi dit que ce dernier avait toujours refusé d’être interviewé, de peur de passer pour le fou du village. »

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Ici, une roche trouvée dans une carrière et une photographie aux allures de vision d’OVNI

Au final, la vague belge d’OVNI ressemble à une légende méconnue qu’un grand père liégeois pourrait raconter près du feu à ses petits-enfants. « Le jour où papy a rencontré l’Alien des Ardennes ». Classée sans suite, ne laissant derrière elle que quelques archives télévisuelles, des recensements de témoignages et un projet photo ambiance quatrième dimension, cette affaire ne demande qu’à être résolue. Enfin, pas selon Valentin : “En soi, les scientifiques et les spécialistes ne démentent pas. Il n’y a juste pas de consensus sur la véracité ou non des témoignages. Mais justement, c’est bien de ne pas savoir. De garder du mystère. C’est ça, le charme de la Belgique. »

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Prise de vue

Retrouvez Valentin sur son site.

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