8 films indispensables sur l'adolescence réalisés par des femmes
Souvenirs d'un été

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Culture

8 films indispensables sur l'adolescence réalisés par des femmes

Des histoires de filles qui grandissent, filmées par des femmes.

Écrit et réalisé par Greta Gerwig, Lady Bird, sorti en salles en France la semaine dernière, suit le passage à l’âge adulte d’une ado de 17 ans dans un Sacramento du début des années 2000 : elle s’embrouille avec sa mère sur l’état de sa chambre, elle écoute « Hand in My Pocket » d’Alanis Morissette à fond dans la voiture de son père et tombe d’amour pour un bassiste prétentieux. Rien d’extrême. Juste elle, naviguant dans le malaise qui caractérise cette période pré-universitaire. Un moment de vie qui fera écho chez vous, si vous êtes déjà rentré chez vous complètement cuit et que vous avez tenté de le cacher à vos parents, avec plus ou moins d’efficacité.

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Lady Bird tombe juste à chaque fois – tellement pertinent qu’il a été couronné « freshest movie of all time » sur Rotten Tomatoes. Et pourtant, le film et sa réalisatrice (nommés hier aux Oscars et repartis bredouille) ont été complètement snobés par les Golden Globes et les BAFTA. Pendant trop longtemps, les réalisatrices ont vécu dans l’ombre de leurs vis-à-vis masculins dans la course au Meilleur Film – une frustration cristallisée pendant les Golden Globes, quand Natalie Portman a présenté « les nommés 100% masculins » de ladite catégorie. Quand on a certains des esprits les plus brillants dans le monde entier, qui brisent les plafonds de verre avec les histoires qu’elles racontent et le talent avec lequel elles les racontent, comment traduire l’exclusion des réalisatrices par autre chose que du pur sexisme ? Alors au diable le patriarcat, voici huit des plus beaux films sur l’adolescence et l’après, réalisés par des femmes. Si vous avez aimé Lady Bird, vous allez adorer ceux-là.

Mustang
Surnommé par certains le « Virgin Suicides turque », Mustang parachute le spectateur dans le quotidien de jeunes filles dans la Turquie rurale. Cinq sœurs y sont régulièrement punies pour le seul fait d’être des filles : pour avoir joué dans l’eau avec des garçons, pour avoir porté des vêtements qui ne recouvrent pas chaque parcelle de leur peau. Pire encore : une par une elles sont forcées au mariage avec des garçons qu’elles n’ont jamais rencontré et sont sujet à des « rapports sur leur virginité ». Mustang est un film qui ouvre les yeux ; un conte plein d’émotion qui ne vous laissera pas indemne, signée de la réalisatrice franco turque Deniz Gamze Ergüven.

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Souvenirs d’un été
Le gang de filles dans Souvenirs d’un été de Lesli Linka Glatter – qui explore les particularités de l’adolescence dans les années 1970 – vole les fringues des mecs au lac du coin, s’organise des virées nocturnes au cimetière et en toute logique se lie d’amitié avec un vieil homme au nom rassurant : Crazy Pete. Le film retourne très clairement les habitudes genrées de scripts marqués par Stand By Me en gardant cette idée d’un groupe de potes vivotant et grandissant dans un petit patelin américain. Mais cette fois-ci, à la place de River Phoenix et ses copains un peu crétins, on a une jeune Christina Ricci, Thora Birch et Gaby Hoffmann. Dur de toper un tel combo.

Tomboy
Laure est une fille de 10 ans qui vient de déménager et découvre son nouveau quartier. C’est un garçon manqué et quand elle rencontre pour la première fois une fille qui la prend pour un mec, elle se présente spontanément comme étant Mikäel et se construit une toute nouvelle identité en s'immisçant dans un groupe de jeunes garçons locaux. Puis Mickäel tombe doucement amoureux d’une fille, mais avec sa sœur au courant du secret, vous vous doutez bien que les choses tournent mal. Ce fabuleux film de Céline Sciamma est une exploration toute en nuance et rarement vue au cinéma de l’ambiguïté du genre mêlée à l’innocence de la jeunesse.

Virgin Suicides
Se déroulant dans une banlieue dans les années 1970 – et ponctué de visuels éthérés, de scintillements, d’une bande-son vaporeuse signée Hair – le film culte de Sofia Coppola lève le voile sur les sœurs Lisbon, emprisonnées par leur mère, forcées à porter des tenues aussi ternes que possible et à vivre dans l’abstinence la plus stricte. Mais il y a un problème, de taille : elles sont adolescentes. Pensait-elle vraiment qu’elles marcheraient droit et suivraient ses règles à la lettre ? Cette histoire de répression adolescente, d’amour et de tragédie est à la fois grandement troublant et incroyablement beau.

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Wadjda
Première femme a prendre la caméra en Arabie Saoudite, Haifaa al-Mansour est responsable de ce film réconfortant qui suit une jeune fille rêvant de posséder un vélo vert étincelant. Elle le veut plus que tout. Mais la société ultra-conservatrice qui l’entoure – et même sa mère – n’est pas du même avis et considère que son fantasme à deux roues va à l’encontre des principes islamiques. Aussi choquant que cela puisse paraître, ce n’est qu’en 2013 que l’Arabie Saoudite a levé l’interdit pour les femmes de faire du vélo (qui peuvent désormais en faire mais dans des zones contrôlées). Choquant encore : Haifaa a dû réaliser la majeure partie de son film depuis l’arrière d’un van en utilisant un talkie-walkie pour ne pas éveiller les soupçons sur le terrain.

Fish Tank
Le drama auréolé par la critique d’Andrea Arnold – classé 65 ème meilleur film du 21 ème siècle par la BBC – suit l’aventure de Mia, une jeune fille grandissant dans l’Essex – une solitaire qui passe son temps à danser dans un appartement laissé à l'abandon. Mais elle est bien plus : sans peur, grande gueule, critiquant à foison la danse des autres filles du coin, allant jusqu’à filer un coup de boule à l’une d’elles. La crise culmine quand le nouveau copain de sa mère vient s’installer chez elles et abuse de Mia. Tout ce qu’elle a pour elle, c’est la danse. Et peut-être un cheval. À la fin du film, vous n’avez d’autre choix que d’être de son côté. En partie parce que l’actrice Katie Jarvis, ici dans son premier rôle, et castée quand elle n’avait que 17 ans, est incroyable.

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Clueless
Pas besoin d’avoir grandi à Beverly Hills habillé en Alaïa de haut en bas pour aimer le chef-d’œuvre d’Amy Heckerling. Elle a tout compris aux tribus d’ados des années 1990 : les skateurs aux jeans difformes, les stoners à dreads et les filles avec des stocks infinis d’énormes chapeaux. Au-delà de l’air du temps de l’époque, elle tombe juste avec sa description de la vie lycéenne, tout ce qu’elle a de drama et de futile. Une période où se faire appeler « une vierge qui ne sait pas conduire » peut ruiner une réputation. Qui aurait pu penser qu’une revisite moderne d’Emma de Jane Austen resterait pertinente aussi longtemps ? Oui, pertinent même si vous n’avez pas grandi à LA en plateformes.

A Girl Walks Home Alone at Night
Alors oui, ce n’est pas vraiment le récit d’un passage à l’âge adulte au sens propre. On y trouve des vampires en skateboard et l’histoire se passe dans une ville fantôme appelée Bad City. Mais au cœur même du premier film de Lily Amirpour – connu comme « le premier western et film de vampires iranien » - il y a exactement ça : le récit, simple, d’une fille qui grandit dans une petite ville, erre dans les rues la nuit et rêve d’ailleurs. Ah, et il se trouve qu’elle est une vampire. En gros : vous n’avez jamais rien vu de tel.

Cet article a été initialement publié dans i-D UK.