Comment Float Fall est passé du haut de la blogosphère au cauchemar américain

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Comment Float Fall est passé du haut de la blogosphère au cauchemar américain

Après cinq années d’incertitudes, on a vu le groupe bruxellois ressusciter jeudi dernier sur la VICE Stage.
Matéo Vigné
Brussels, BE

La semaine dernière, VICE s’est invité chez PIAS pour vous présenter deux groupes sur la scène intimiste de la maison de disque. À cette occasion, on a rencontré le groupe belge Float Fall, qui connaît une réelle renaissance après l’effervescence générée autour de leur premier morceau en 2013.

On parle ici de parfaite success story : suite à la sortie de « Someday », la cote de popularité du duo bruxellois grimpe en flèche et le groupe commence à se produire à L.A. et à New York. En 2014, ils signent sur The Cherry Party, sous-label de Sony Music. Une façon d’aborder le rêve américain. De fil en aiguille, les voilà en train d’enregistrer avec Joey Warocker (batteur de R.E.M.) Puis, l’aventure s’arrête là.

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En 2018, cinq ans après leur succès sur le web, ils sont de retour avec le morceau « Hard Time Loving You ». On est allé discuter avec eux pour savoir comment, d’un point de vue musical et humain, on se remet de ce voyage en montagnes russes et de l’effondrement de l’American Dream.

VICE : Salut Float Fall, à quoi vous attendez-vous pour le concert de ce soir ?
Ruben : C’est notre premier live depuis un bon bout de temps, on a vraiment hâte. On attendait ce moment depuis longtemps et c’est l’occasion parfaite de prouver qu’on est enfin de retour, et en vie.
Rozanne : C’est assez spécial d’être ici, à Bruxelles, car on vient d’ici. Et je dois dire que ça fait un bien fou d’être de retour.

Vous faisiez le buzz sur internet il a cinq ans, que s’est-il passé entre temps ?
Ruben : Notre morceau « Someday » a créé cette hype. Beaucoup de blogs publiaient des articles positifs sur nous et sur notre musique. On a eu pas mal de demandes pour aller jouer aux Etats-Unis, on a reçu des mails de la part de labels de là-bas. Tout était cool, vraiment, puis on a signé sur un sous-label de Sony.
Rozanne : Sur le papier c’était le rêve, c’est sûr ! (rires)
Ruben : Mais bon, après quelque temps, l’entreprise ne voulait plus travailler avec nous. C’est là que l’on s’est dit qu’il fallait quitter les States mais ça nous a pris pas mal de temps.

Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas continué la collaboration avec vous ?
Ruben : Au début, on venait assez souvent aux Etats-Unis pour parler avec les gens du label. Après un certain temps, ils ont arrêté de répondre à nos mails et ne nous donnaient même plus de feedback vis-à-vis des chansons qu’on leur envoyait.
Rozanne : Je pense que c’était juste un problème interne au sein du label. Ça ne l’a pas fait avec eux, du coup on a dû couper court à notre relation.

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Arrivés en Amérique, vous vous étiez dit : ça y est, on va être devenir des stars ?
Rozanne : Un jour, on jouait à L.A. et quelqu’un est venu nous voir pour nous dire qu’à ce moment même il y avait environ 35-40 autres groupes qui jouaient un peu partout dans la ville, un mardi soir. UN MARDI SOIR.
Ruben : On ne savait pas si l’on allait être les nouveaux Arctic Monkeys ou quoi mais l’ambiance générale c’était : « Okay, on a une super belle occasion de faire quelque chose de bien, profitons-en. »

Financièrement parlant, comment survit-on en tant que musicien quand on ne peut plus faire de musique ?
Rozanne : On se pose encore cette question aujourd’hui, vraiment, c’était assez dur. Ce n’est pas facile à admettre mais on a vécu des moments difficiles. On a tous les deux continué à travailler à côté de ça. Par chance, on n’avait pas vraiment « besoin » d’argent pour continuer. On s’est juste dit qu’il fallait aller de l’avant.

Il vous est déjà arrivé de penser qu’il fallait peut-être abandonner le milieu musical ?
Rozanne et Ruben : (d’une même voix) Non.
Rozanne : On n’a jamais hésité ou douté sur notre envie de continuer à faire de la musique, ni sur l’existence de Float Fall.
Ruben : On a quelque chose de très beau avec Rozanne, cela fait maintenant peut être 10 ans que l’on se connaît. On a toujours su apprécier le rapport qu’on a chacun avec la musique, c’est pour ça qu’on s’est mis à en faire ensemble. Et on en fait toujours, on se complète réellement musicalement parlant. Ce n’est pas facile de trouver quelqu’un comme ça.

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On peut dire que vous permettez à l’autre de trouver l’« extra mile » ?
(Tout le monde rigole, « extra mile » fait partie du refrain de leur titre « Someday », ndlr)
Ruben : Ouaaaaaais bien sûr. Je le pense vraiment. On est capables de faire ressortir le meilleur de l’autre à chaque fois. Aller toujours plus loin, toujours vers l’ « extra mile ».
Rozanne : Si on était chacun en solo, Float Fall n’existerait pas du coup. Oui, on se tire vers le haut, on peut dire ça comme ça.

Qu’est ce que ce long voyage outre-Atlantique vous a apporté, au final ?
Ruben : Le public américain est très sévère. S’ils aiment ce que tu fais, ils te le font savoir à coups de « YEAH MAN YOU ROCK » et s’ils ne t’aiment pas… c’est pareil, mais dans l’autre sens. Après, on ne s’est jamais fait huer, c’est cool. Avoir l’occasion de jouer à New York, L.A., Austin, c’était juste dingue. Puiser les énergies de chaque endroit, ça nous a inspiré au final.
Rozanne : À L.A. tout le monde fait quelque chose, que ce soit de la musique, du cinéma ou de la peinture… Tout le monde est créatif et ça rajoute une couche supplémentaire d’inspiration pour tout le monde.

Vous êtes quand même allés à Hollywood. Vous avez une anecdote marrante à raconter ?
Ruben : On était en train de parler à notre chauffeur Uber qui nous conduisait lors d’une longue course et on s’est mis à parler bouffe. Il nous racontait qu’il y avait un endroit où ils faisaient des Snickers frits posés sur des donuts. On lui a directement demandé de nous y emmener parce que je suis un fan de Snickers. Et croyez-le ou non, c’était super bon.

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