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La cape d’invisibilité arrive (et ce n’est pas une blague)

Se rendre invisible semble toujours utopique. Pourtant, la science est déjà parvenue à faire disparaître des îles et des gratte-ciels. Bientôt, ce sera votre tour.
Image via Flickr

Le voyage dans le temps, la téléportation ou les lunettes pour voir à travers les vêtements ne sont peut-être pas prêts d’arriver, mais il se peut que cet autre gadget de science-fiction puisse débarquer plus tôt qu’on ne le pense. La cape d’invisibilité – Monsieur Potter, sortez de ce corps – est bien au centre des préoccupations scientifiques. Devenir invisible n’est sans doute plus qu’une question de temps.

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Croyez-le ou non, environ 3000 scientifiques dans le monde travaillent actuellement sur le concept d’invisibilité. Encore combien de temps avant qu’on ne puisse choisir entre deux motifs pour notre cape d’invisibilité dans les rayons des supermarchés ? Ce qui est certain, c’est que la technique est bien là, et qu’elle fonctionne. En 2016, des chats ont déjà été rendus partiellement invisibles dans une laboratoire à Hong Kong grâce à une boîte semi-transparente. Cependant, l’invisibilité n’était pas parfaite; un soupçon de couleurs au rendu arc-en-ciel pouvait encore être observé sur les contours de la boîte. Avant cette expérience, il faut souligner que des chercheurs de Singapour et Hangzhou en Chine avaient réussi à rendre un poisson et des papillons totalement invisibles.

La cape d’invisibilité ou invisibility cloak est un terme qui date des années soixante, mais il aura fallu attendre 2006 pour que deux chercheurs de l’Imperial College de Londres et de l’Université de Saint Andrews mettent sur papier chacun de leur côté les mathématiques rendant la technologie possible. C’est à partir de ce moment-là que la recherche sur l’invisibilité a fait un grand bond en avant : l’Université de Duke aux États-Unis a lancé le premier laboratoire d’invisibilité, suivi de très près par des sociétés comme Berkeley, MIT et Harvard.

Le Belge Vincent Ginis, professeur à la Vrije Universiteit de Bruxelles, y enseigne l’optique, le sous-domaine de la physique qui s’occupe de l’étude de la lumière. Il fait constamment la navette entre les laboratoires de Bruxelles et ceux d’Harvard. « C’est une perspective excitante », dit-il avec enthousiasme malgré son jetlag permanent. « La lumière est une onde et cette onde peut être exprimée en équations mathématiques. Avec des équations spécifiques, nous pouvons diriger les ondes de lumière autour d’un objet au lieu de permettre à l’objet de les absorber comme il le ferait en temps normal. Le résultat de cette déviation se traduit par l’invisibilité. »

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Le professeur Ginis tente de nous expliquer pourquoi des milliers de chercheurs ont à leur disposition des budgets à ce point vertigineux pour quelque chose d’aussi frivole que l’invisibilité : « L’invisibilité représente de façon symbolique l’utopie la plus folle de l’optique. Il n’y a pas de plus grand défi dans mon domaine que de rendre quelque chose complètement invisible. C’est l’illusion d’optique ultime. L’idée qui en découle est que si l’invisibilité est vraiment possible, tout peut l’être. »

Progressivement, les scientifiques découvrent aussi des possibilités qui n’auraient jamais émergé sans ces recherches. L’une des découvertes les plus importantes est la possibilité de rendre invisibles des îles ou même des côtes entières. La construction de protections géantes dans des matériaux spéciaux aurait même pour effet de rendre ces îles invisibles aux tsunamis, qui ne les « verraient » plus et passeraient donc à côté au lieu de les dévaster. Folie pure ? En ce moment même, divers groupes de recherche à travers le monde sont déjà occupés à préparer les plans de telles constructions. Il en va de même pour les tremblements de terre : dans un futur relativement proche, de nouvelles sortes de gratte-ciels et peut-être même des villes entières pourront être rendus invisibles aux ondes sismiques.

Cependant, pour pouvoir rendre des personnes invisibles, l’échelle des matériaux devra être revue à la hausse. À titre d’exemple, les matériaux développés à Harvard sont encore pour le moment de l’ordre du microscopique. Mais il est certain que l’objectif fixé sera atteint. « Comparez ceci avec les ordinateurs. La technique et les prototypes existaient déjà dans les années 1950 », explique le professeur Ginis, « mais il aura encore fallu quarante ans avant que les gens puissent en acheter un. »

Au premier abord, l’invisibilité peut sembler quelque chose de totalement inoffensif – tant qu’elle sert à confirmer des soupçons d’infidélité ou à attraper des adolescents qui s’embrassent derrière un buisson. C’est tout de suite plus flippant quand on pense aux potentielles applications militaires. Devrions-nous craindre l’invasion d’une armée invisible ? « Pas immédiatement », explique le professeur Ginis. « Même si lors de conférences, je rencontre pas mal de scientifiques de l’armée américaine. Ce qui est drôle, c’est qu’il existe presque autant de chercheurs qui travaillent sur des techniques inverses, pour retrouver des objets disparus ou à rendre des personnes détectables à nouveau. De plus, nous ne parlons que d’invisibilité en ce qui concerne l’œil humain. Rendre les objets indétectables pour tout autre technologie est encore un autre challenge.

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