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Sexe

Les psychopathes se reproduisent plus que les gens sympas

Et c'est la science qui le dit.
CSA-Archive/Getty Images

Cet article a été initialement publié sur Tonic.

La personnalité antisociale se caractérise par un manque d’attention et de préoccupation pour le bien-être des autres. D’instinct, vous vous dites qu'un individu ayant une telle personnalité – de type psychopathe ou sociopathe – part avec un gros désavantage en termes de reproduction et de transmission de ses gènes. Après tout, qui peut bien vouloir coucher avec un psychopathe ?

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En fait, c’est tout le contraire : selon une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs d'Amsterdam, les individus ayant une personnalité antisociale semblent avoir un avantage reproductif.

Les scientifiques sont parvenus à cette conclusion après avoir effectué une analyse génétique complexe sur plus de 31 000 individus. Plus précisément, ils ont examiné ce qu'on appelle la corrélation génétique entre les traits antisociaux et les résultats de reproduction (à savoir, l'âge à la naissance du premier enfant et le nombre total d'enfants nés). En d'autres termes, ils ont cherché à savoir s’il y a un quelconque chevauchement entre les gènes liés à une personnalité antisociale et les gènes liés à une reproduction précoce et fréquente. Les résultats ont en effet révélé un chevauchement génétique important. Autrement dit, ils suggèrent que les gènes responsables d'un manque d'empathie sont également responsables d'un taux de reproduction plus élevé.

Mais pourquoi ? Pour donner un sens à ces résultats, il est utile de les comparer à des recherches antérieures, qui ont révélé que les psychopathes prennent plus de risques que les autres dans à peu près tous les domaines. Ils boivent plus d'alcool, consomment plus de drogues, ont plus de partenaires sexuels. En cause, leur manque de self-control, et une tendance à favoriser les gains à court terme plutôt que ceux à long terme. Par exemple, lorsqu'on leur demande s'ils préfèrent recevoir 100 dollars aujourd'hui ou 1 000 dollars dans un an, ils choisissent systématiquement la première option. Les psychopathes ne sont pas du genre à attendre. Ils veulent tout, tout de suite.

La tendance générale qui en ressort est que les personnes ayant des traits antisociaux mènent une vie plus intense que le reste du monde – ils vivent pour aujourd'hui, pas pour demain. Au final, cette approche de la vie semble leur conférer un avantage reproductif. Ces résultats permettent en partie d'expliquer pourquoi une caractéristique socialement indésirable comme la psychopathie n'a pas disparu de la population humaine et pourquoi, au contraire, elle persiste – et comment elle pourrait même, théoriquement, augmenter avec le temps.

Justin Lehmiller est chercheur à l’Institut Kinsey de l’université d’Indiana, aux États-Unis, et auteur du blog Sex and Psychology. Son dernier livre, Tell Me What You Want: The Science of Sexual Desire and How It Can Help You Improve Your Sex Life, est disponible aux éditions Hachette Book Group. Justin Lehmiller est sur Twitter.