Myth Syzer a abandonné une carrière de mécanicien pour refaire le rap
Photo : Alice Moitié

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Myth Syzer a abandonné une carrière de mécanicien pour refaire le rap

Avec son premier album, « Bisous », le producteur français s’éloigne définitivement de la « musique de soudeur » qu’il revendiquait faire précédemment.

Personne n’avait vu arriver « Le Code » du producteur et désormais chanteur Myth Syzer, un single qui a fait l’effet d’une bombe tant il n’y a pas d’équivalent sur la scène rap francophone. Une voix et des paroles sorties tout droit des années 80 posées sur des instrumentales influencées par le rap d’Atlanta. Un peu comme si les plus grands tubes de Laurent Voulzy, Daniel Balavoine et France Gall avaient atterri en 2018. Son premier album, Bisous, est sorti il y a peu et VICE est allé discuter avec lui d’amour, de musique et de sa passion pour les voitures.

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« Cet album je le vois comme une ride en voiture décapotable, il fait beau c’est l’été. C’est fait pour oublier une histoire d’amour qui a mal tourné et se reconstruire en douceur », explique le producteur de 28 ans originaire de Vendée, une région de l’ouest de la France qui borde l’océan Atlantique. « J’adore rouler en voiture et écouter de la musique, c’est une de mes passions. J’imagine que c’est pour ça que l’album sonne comme ça à mes yeux ». Un long format qui près d’un mois après sa sortie a enchanté la France entière. Pourtant rien ne prédestinait Thomas Lessoudé, alias Myth Syzer, à un tel succès national. Lui qui pensait être mécanicien une bonne partie de sa vie, bien loin des plateaux de télévision et de radio qu’il peut fréquenter aujourd’hui.

Capture d'écran du clip pour « Le Code »

« À mon adolescence, le circuit scolaire classique me saoulait un peu, je ne savais pas trop quoi faire. Je cherchais un moyen de concilier passion et argent. Je me suis fié au moment présent et le moment présent c’était que je kiffais bidouiller mes scooters. Donc je me suis dit que j’allais apprendre la mécanique. J’ai travaillé près de cinq ans en tant que mécanicien et je ne regrette pas du tout. J’ai travaillé pour Alfa Romeo, je trouvais ça cool et je faisais mon cash. Puis après, j’en ai eu marre et j’ai décidé de passer à autre chose. »

Capture d'écran du clip pour « Austin Power »

Si la musique a pris de plus en plus de place dans la vie de Myth Syzer, sa passion pour les bolides et la vitesse est restée intacte. « J’aime beaucoup les belles voitures atypiques, assez rares. Ma voiture de rêve c’est une Mercedes 560 SSC. Je fais aussi du motocross depuis plus de 10 ans. Avec mes potes on conduisait des voitures, on avait 15 ans, on vivait à la campagne et on cherchait des moyens de s’amuser. Il y avait cette mode des motocross que j’ai vite kiffés puis ça ne m’a jamais vraiment quitté. J’en faisais d’ailleurs juste avant qu’on se parle. En ce moment, j’ai une BMW 320D, mais je ne l’utilise pas beaucoup parce que je vis à Paris et ce n’est pas la ville idéale pour avoir une voiture. Je l’ai laissée chez moi en Vendée ».

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Photo tirée de Facebook

Paris c’est là où tout s’est accéléré dans la carrière de Myth Syzer. Les rencontres qu’il a pu faire dans la Ville lumière, de ses acolytes Ichon et Loveni de son collectif Bon Gamin à Brodinski, lui ont permis de gravir les étapes une par une qui l’ont mené à son premier album bien loin de la « musique de soudeur » qu’il revendiquait faire précédemment. « Cet album est lié à une rupture amoureuse et le créer m’a permis d’extérioriser ma peine. Au début je voulais le faire juste avec des instrumentales, mais ça ne suffisait pas. J’avais besoin de chanter pour que ça ait plus d’impact. En plus à ce moment-là, j’étais dans un mood variété française à la Étienne Daho qui me plaisait énormément ».

Une démarche qui remet au goût du jour la variété francophone des années 80 en y greffant les codes du rap. « Je voulais rapprocher les personnes qui écoutent du rap et ceux qui n’en écoutent pas du tout, ça me tenait vraiment à cœur. Je voulais aussi parler d’amour sans que cela soit trop cliché et c’est facile de tomber dedans quand tu fais de la variété : guitare sèche, histoires banales et j’en passe. Mon défi c’était de ne pas tomber dans un truc relou ».

Un album qui arrive donc comme un OVNI dans la scène rap francophone tant le style de Myth Syzer tranche avec ce qu’il se fait actuellement. Alors que tous les rappeurs aux aspirations mainstream cherche à donner un côté pop à leurs chansons, Myth Syzer, lui au contraire, souhaite urbaniser la pop. Un album ouvertement inspiré de « Première consultation » de Doc Gynéco qui reste pour beaucoup d’observateurs le meilleur album de rap francophone de l’histoire. « Aujourd’hui, les rappeurs font tous de la trap, je voulais aller à contre-courant et ne pas faire comme tout le monde. C’est ce qu’a fait Doc Gyneco à son époque où musicalement et dans les thèmes il allait complètement ailleurs. C’est là où on se ressemble ».

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À vrai dire, c’est peut-être l’une des raisons de son succès. Après dix ans dans l’industrie musicale, c’est la première fois que la valeur de son travail est reconnue par la majorité des médias traditionnels. Une reconnaissance qui ne le surprend pas cependant. « Je trouve ça normal, je ne m’attendais pas à être invité partout avec ce que je faisais avant. Là je suis arrivé avec un produit plus ensoleillé avec des refrains accrocheurs, j’ai récolté ce que j’ai semé. En revanche ce qui me surprend le plus c’est tout le love que j’ai reçu des auditeurs. J’ai reçu plein de messages touchants : des gens qui m’écrivent que cet album leur a fait du bien pour guérir leur peine d’amour ou que ça les apaise. Je voulais m’adresser à notre génération, aborder ce genre de thèmes avec une approche nouvelle et je suis vraiment content que les gens se retrouvent dedans ».

Mais alors est-ce que le succès de cet album lui a permis de se remettre de son histoire d’amour ? « Oui, ça a clairement aidé, mais je te dirai que le temps a eu son effet aussi. En vrai, j’n’ai rien vécu de différent d’une autre personne. Je pense qu’il faut profiter d’une rupture pour se concentrer sur soi, ce qu’on ne fait pas forcément quand on est en couple. L’important c’est d’avancer et le temps fera forcément le reste. Aujourd’hui, je prends plus de plaisir que jamais à faire ce que je fais et c’est l’essentiel ».

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